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DVD sur le vin

Bibliothèque du vin > Section : Les DVD sur le vin
 

« Mondovino » de Jonathan Nossiter
Editions TF1 Video 2005, 135mn, 15 € environ

Mondovino a occasionné un mini séisme dans le monde du vin et plusieurs mois après sa sortie, les réactions restent assez vives, que ce soit parmi les professionnels ou encore parmi les amateurs. Il faut dire que Nossiter est arrivé avec son film comme un chien dans un jeu de quilles, ou plus exactement (comme disent les anglo-saxons) comme un taureau dans un magasin de porcelaine...

Certains détracteurs ne voient en Mondovino qu’un film anti-mondialiste. C’est une erreur de se limiter à cette seule vision, car Nossiter pose tout de même de vraies questions, essentiellement sur le risque d’uniformisation des vins de haut niveau. Et si on peut être ou ne pas être convaincu que cette uniformisation existe, ou que, par exemple, le boisé masque déjà la personnalité de nombreux vins, tout le monde s’accorde pour reconnaître que le risque existe.

Mondovino soulève donc des questions sous-jacentes dans nos esprits. Certes, il le fait de façon orientée : Nossiter n’a visiblement pas voulu réaliser un documentaire, il a fait un film militant, c'est-à-dire un film qui porte ses idées et ses convictions, avec donc une bonne dose de parti pris. Cette démarche a bien entendu été fortement critiquée ; à l’heure où la télévision a modelé nos esprits, il est vrai que l’on est plus habitué à des documentaires prétendument objectifs qu’à des films porteurs d’idées. Il serait, à mon avis, de toutes façons bien difficile d’apporter une vision objective du monde du vin, monde où règne le subjectif.

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Et Nossiter y va fort : il caricature, il simplifie... Iconoclaste, il ne respecte rien...! C’est certainement Michel Rolland qui est le plus maltraité : le présenter comme un personnage à l’ego démesuré, riant fort en permanence et appliquant les mêmes recettes partout depuis l'arrière de sa Mercedes, est terriblement réducteur et certainement assez injuste. Dans une moindre mesure, on peut avoir ce même sentiment à propos de quelques unes des personnes présentées.

Mais en même temps, force est de reconnaître que Nossiter n’a pas inventé les scènes qu’il nous montre et c’est certainement là que réside une grande partie de son tour de force : il a tout de même réussi à s’introduire partout, à mettre les gens suffisamment en confiance pour qu’ils dévoilent un certain aspect de leur personnalité… Et il faut bien avouer que certaines paroles, certaines scènes sont franchement surréalistes.

Le reproche que l’on peut faire à Mondovino, c’est d’être terriblement simplificateur et le choix d’Aimé Guibert et de Hubert de Montille pour symboliser la lutte de David contre Goliath est hautement discutable. De plus, il est franchement simplificateur de résumer le monde du vin à la simple opposition : « petit = terroir = bon » alors que « gros = artificiel = trafiqué ». La réalité est, on le sait, tout de même plus complexe que cela et c'est sur ce point que le film est le plus critiquable.

Il y a beaucoup d’humour dans le film. Nossiter s’attarde à filmer des détails : ce sont les chiens, qui reviennent constamment, ou encore un objet, tel ce robot nettoyeur d'une (luxueuse) piscine, mais la palme revient à cet ouvrier septuagénaire juché sur une échelle en arrière plan d’une interview... Le procédé est même terrifiant d'efficacité. Le réalisateur montre une très grande maitrise du montage. Cinématographiquement, Nossiter a un vrai style, plein de douceur malgré ses apparences heurtées (et pourtant, je suis habituellement particulièrement allergique à la caméra à l’épaule). Il parvient à manipuler le spectateur de la même façon qu’il manipule ses interviewés. Le style pourra cependant déconcerter certains spectateurs.

Mondovino est un film particulièrement bien réalisé et, malgré ses simplifications, reste très intéressant à regarder car il conduit à s’interroger, à se poser des questions. Il tend aussi un miroir à une partie de la profession, c’est un miroir déformant certes, qui montre une version partielle et partiale de la réalité, mais un miroir tout de même. Mais c’est aussi et avant tout un film sur le vin, qui a le mérite de toucher un public très large et de montrer que le monde du vin est un monde multi facettes.

Note : Comme pour venir appuyer le propos du film, la famille Mondavi a perdu le contrôle de sa propre société, absorbée par le géant Constellation Brands, quelques mois après la sortie de Mondovino. Tim Mondavi a lui-même regretté que les actionnaires se soient plus préoccupés du bilan trimestriel que de questions de vinification.

A lire aussi : Une passionnante étude cinématographique de Mondovino sur le site : romanduvin.ch
et la critique de Mondovino, la série.



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